Allez, il est temps de s’activer les zigomatiques. On va bien se gausser dans cet article. Ça va être poilant vous allez voir ! Vous allez rire à gorge déployée !
Aujourd’hui je vais parler des personnes trans dont on se sert comme levier, ou ressort comique, humoristique. Et j’aime autant vous dire que la liste est longue.
Quand on est trans, on nous fait bien comprendre que ça doit être souvent vécu comme un fardeau, comme une sorte de malédiction, comme une douleur. Parce que le parcours est souvent long, semé d’embûches et que les proches, la société nous le fait payer cash. À tel point que nous voudrions éviter de revendiquer cette transidentité. La cacher, la dissimuler. Et cette année 2015 nous a montré une fois de plus la violence transphobe dont nous sommes victimes… Ni oubli, ni pardon.
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Toutefois, j’aimerai avec vous, essayer de faire en sorte qu’on puisse voir le verre à moitié plein de cette identité trans. Vous êtes libres d’adhérer ou non, libre de recevoir ces mots ou non.
Voici mon point de vue sur la façon dont je vie ma propre transition, ma transidentité.
Commencer une transition devrait être considéré comme une célébration. Oui, ça devrait être presque festif. Une nouvelle naissance. Une nouvelle puberté s’annonce. On commence enfin ce parcours qui nous tendait les bras depuis si longtemps. Ce parcours si longtemps rêvé, fantasmé. Une idée fixe qui ne nous quitte pas d’une semelle depuis qu’on a pu mettre un mot sur tout ça.
Être trans, oui, selon moi c’est beau. Oui c’est une chose qui vaut la peine d’être vécue. Faire une transition c’est faire l’expérience des deux genres dans sa vie. C’est comme un voyage.
J’ai vécu 27 ans de ma vie éduquée comme un garçon. Elevée comme un adolescent. Perçue comme un jeune homme. Oui ce n’était pas facile. Mais voilà, tel est mon passé. Pas de honte, ni de gloire. C’est ainsi. C’est une expérience. Et depuis presque 3 ans, je socialise en tant que femme. En tant que moi-même authentique. Comme un voyage excitant, à l’idée du trajet que l’on fera, regardant de part et d’autre de la route, du chemin, de la passerelle, et c’est juste merveilleux.
Faire cette transition, c’est la décision la plus importante de ma vie, l’une des plus belles. Et pourtant… La honte m’envahissait à l’idée de me dire «Je suis une femme». Me dire «Je vais commencer.» Oui, la honte. Et la honte de regarder mon corps dans un miroir. Me dire que ça sera long à changer tout ça. Que je ne serai jamais vraiment une femme. Regardez-moi ces mains, ces bras, ces épaules, ce ventre, ce torse, cette tronche, ces yeux, ces jambes, ces pieds, ce pénis ! Suis-je sérieuse à vouloir commencer ça ?
Bah oui je suis sérieuse. Car telle est ma situation. Telle est ma volonté de devenir. Telle est mon identité. Mon karma. C’est dans ma chair, c’est dans mon âme. Une femme je suis, une femme je vais être aux yeux des autres. Et ceci… Cette certitude inébranlable m’a donné bien plus de joie que n’importe quelle cuite, n’importe quel pétard, n’importe quel phénomène astronomique ou météo. Et c’est avec une absolue sérénité que j’ai entamé ce parcours, commencé il y a 4 ans. Parcours dont Yagg est le témoin par ailleurs.
Donc je renouvelle mes mots : pouvoir faire sa transition c’est une célébration. C’est briser les chaînes de la cisnormativité. Briser la boite dans laquelle on tentait de nous faire entrer. Exploser cette identité qu’on nous colle et qu’on refuse. Casser ce moule. Qu’on se refasse son propre moule à soi, ou non, que sais-je ! Du moment que nous soyons nous mêmes, et qu’on ne réponde plus aux sirènes d’une prétendue normalité.
Être trans, c’est la liberté d’affirmer son genre !
«Mais le vote c’est important ! Y a des gens qui se sont battus pour ça !»
«En n’allant pas voter tu joue le jeu du FN. Abstentionniste !»
«Non mais ça va, c’est pas si dramatique que ça d’aller voter.»
«Ah là là là, toujours là pour gueuler mais quand il s’agit d’aller voter, y a plus personne !»
«Tu crois pas que t’en fais un peu trop ?»
«C’est à cause de gens comme vous qu’il faudrait rendre le vote obligatoire.»
Et encore et encore.
Bon, let me get this straight : I. Don’t. Give. A frak.
Parce que voyez vous les ami-e-s, je suis trans et mon CEC (Changement d’Etat Civil) est encore bien loin devant moi, perdu dans les brumes qui entourent ma Passerelle.
Parce que c’est une procédure longue, complexe, périlleuse, soumise à l’arbitraire juridique.
Parce qu’à cause de ça, je refuse d’être appelée Monsieur au moment du « A Voté ! ».
Parce que mon identité ne regarde que moi, et pas le premier inconnu chargé du scrutin.
Parce que je n’ai pas envie d’être sortie du placard publiquement.
Parce que je n’ai pas envie de servir un système qui n’a rien fait pour moi.
Parce que je n’ai pas à devoir choisir pour des gens pour qui la cause transidentitaire est le dernier de leur soucis.
Parce que ces dernières années auront été extrêmement décevantes pour nous, trans.
Parce que je considère que ce n’est pas par les suffrages que l’on change profondément la société.
Parce que les privilèges cis.
Non je n’irai pas voter ce Dimanche. Tant que NOS voix ne seront pas entendues, je ne donnerai pas la mienne.
Changement d’Etat-Civil libre et gratuit, en début de transition. Parce que ça urge.
A l’instar du Dictionnaire Superflu à l’Usage de l’Elite et des Bien Nantis de Pierre Desproges, sans son humour toutefois, je vais faire un petit dictionnaire à l’usage des personnes cisgenres. Face à l’ignorance et à l’incompréhension crasse, il me semblait nécessaire. Toutefois il existe d’autres dictionnaires sur la Toile, de même nature, mais dont la lecture est fastidieuse et peu avoir tendance à agacer. Classé par ordre alphabétique, c’est à dire le « A » avant le « B », le « B » avant le « C » et ainsi de suite jusqu’à la lettre « Z », qui ne comportera pas de toute façon de définition, eu égard à la pauvreté de la langue française, et mon incompétence crasse à faire un néologisme commençant par cette lettre. Il en va de même pour les lettres « V », « W », « X » et « Y ». Bien que XY et XX devraient être définis. M’enfin, cet ouvrage formidable se suffit à lui-même pour éviter de s’attarder sur de telles circonstances.
Il va de soi que les mots choisis dans ce PTDUC ont été soigneusement choisis par toutes les compétences qui se puissent rencontrer sur mon lit, c’est-à-dire moi et mon chéri sur mes genoux, car Mars est frisquet.
Vous pouvez contester chacune des définitions et ne pas m’adresser vos cistears dans le champs des commentaires au pied de cet ouvrage prodigieux.
Ont été volontairement écartés de cet ouvrage hors du commun les mots inappropriés, dégradants, insultants, voire à caractère transphobes tels que [Trigger Warning, Déclencheurs, surligner le texte pour les lire] :
De l’anglais « Assigned Female At Birth » / « Assigned Male At Birth », signifiant littéralement « Assigné-e Femelle À la Naissance / Assigné-e Mâle À la Naissance ». On lui préférera Femme et Homme plutôt que « femelle » et « mâle ». Acronymes employés pour désigner le genre assigné à la naissance de toute personne, qu’elle soit trans et/ou non-binaire ou cisgenre. Cette expression permet d’éviter d’une certaine façon le cissexisme mais prudemment toutefois, car il peut être aussi empreint de pas mal d’essentialisme.
• Agenre
De « a » = absence, et de « genre »= genre donc. Absence de genre. Personne qui n’est d’aucun des genres masculin, neutre, fluide, bigenre et féminin (seront définis plus loin). Peut être confondu avec le genre neutre, avec erreur. Pronoms à utiliser : « il » , « iel », « ul » ou « elle », selon la volonté de la personne. Toujours lui demander avant.
• Androgyne
De « ανδρος » (andros) = homme et « γυναικος » (gunaïkos) = femme. Terme signifiant littéralement « individu homme-femme ». Il s’agit généralement d’une personne dont le genre sera difficile à déterminer du fait de son apparence physique et vestimentaire. La recherche de l’androgynie est bien souvent une étape pallier durant la transition d’une personne trans, qui peut lui procurer un certain confort car son genre sera socialement délicat à déterminer. Chez l’individu non-binaire, cela peut être un idéal, une zone transitoire, une recherche de perfection, voire un acte politique dans le but de mettre à l’épreuve les mécanismes de réflexions binaires de notre société.
• Bigenre
De « bi » = deux. « Genre », j’ai plus besoin de vous faire un dessin. Personne qui s’identifie aux deux genres parmi les genres féminin, masculin, neutre, non-binaire, etc. Dans le même temps. Peut s’apparenter à la fluidité de genre, mais il n’y a pas de notion de mouvement sur le « spectre des genres ». Pronoms à utiliser : « il », « iel » ou « elle ». Toujours demander avant.
• Binaire
Conception des genres selon laquelle il n’en existe que deux : féminin et masculin. Réapproprié parfois pour se définir totalement masculin ou totalement féminin. A opposer avec non-binaire (défini plus loin). Et je vous vois venir les voisin-e-s. La notion de personne trans binaire est une notion absurde. Devrais-je me justifier ? Non. Bon.
A l’attention des journalistes de la presse à sensation qui souhaiteraient avoir un modèle d’article tout fait, pour parler d’une personne transgenre. Vous pouvez copier et coller le contenu, et même perfectionner la chose en utilisant une base de donnée et faire une fusion (dans n’importe quelle suite bureautique ça marche). Cet article est non-exhaustif, vous pouvez l’agrémenter et l’augmenter comme vous voudrez, du moment que cela génère du pathos ! Car c’est avant tout ce qu’il faut : des larmes, de l’émotion, de l’extraordinaire. Libre court à votre créativité !
Découvrez l’incroyable histoire de [prénom actuel] [X] devenu[e] [Y]¹ !
[prénom actuel] est né-e [X/Y]. [Il/Elle²] s’appelait [prénom de naissance] et a choisi de changer de sexe. [prénom actuel] est son prénom actuel et se fait appeler comme ça par ses amis. [Pronom du genre actuel]
Tout petit-e déjà, [prénom de naissance] se sentait enfermé-e dans son propre corps. [Il/Elle] se sentait mal dans sa peau. Echecs scolaires, fugues, et même tentatives de suicides.
C’est à l’âge de [le sujet doit être âgé de plus de 30 ans] que [prénom de naissance] décida d’aller voir une équipe spécialisée à [Lyon/Bordeaux/Marseille/Paris]. Et, au bout de deux ans d’un long processus médical, [ancien prénom] put devenir enfin un-e vrai-e [X/Y], surtout après l’opération du sexe.
Aujourd’hui, [prénom actuel] est un-e bel-le [X/Y] et personne ne pourrait savoir qu’avant [il/elle] était un-e [X/Y]. Désormais [prénom actuel] vit heureux-se et croque la vie à pleine dents, en attendant la décision juridique de son changement d’État-Civil, qui va enfin faire valoir officiellement son identité sexuelle en tant que [X/Y] à [prénom actuel].
[insérer photo(s) avant/après]
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¹ Dans le cas d’une femme trans, X = Homme et Y = Femme. Dans le cas d’un homme trans, X=Femme et Y = Homme
² Utilisez le pronom du genre assigné à la naissance.
Alors voilà. Ici sur Yagg, ailleurs sur les réseaux sociaux, j’ai de temps à autre droit à l’accusation « cisphobe ». Parce que j’interviens dans une discussion, je dis «Les cis ceci, les cis cela…».
Mais… Voilà, je ne fais que soulever certains points, en pointant évidemment les cisgenres et les privilèges que la société leur donne de façon systémique.
Mais mettons. Mettons que je sois cisphobe, et que la cisphobie soit quelque chose de réel. Pour ce faire il me faudrait une machine à remonter le temps. Je remonterais à une époque suffisamment lointaine pour renverser les pouvoirs de domination.
Changer de genre serait la norme.
On boosterait la recherche pour que l’obtention d’hormones sexuelles soit facilitée, et que dès la puberté, les adolescents soient contraints de changer de genre. Les opérations (réassignations sexuelles, mastectomies, mammectomies) seraient obligatoires dès la majorité (fixée à 18 ans). Les changements d’Etats-Civils seraient caduques car, dès la naissance, on attribuerait un prénom dont le genre est l’opposé du sexe de naissance. Les hommes devront porter des vêtements féminins, et les femmes des vêtements masculins.
Mais il y aurait des individus qui considèreront ça comme ne reflétant pas leur identités. Ces personnes là se qualifieraient comme étant cisgenre, c’est à dire que leur genre de naissance serait identique à leur genre vécu.
Pour ces personnes là ce serait compliqué. Compliqué car devant faire semblant de prendre leur hormonothérapies. Mais elles devront faire leur coming-out cis, et se révéler à leurs proches. Il leur faudrait user de procédure juridiques compliquées pour avoir un Etat-Civil conforme à leur genre de naissance. Ces gens là seraient discriminés. Obtenir un emploi et un logement serait un chemin semé d’embûches. La précarité toucherait ces personnes. Certaines devant se prostituer, les exposant au VIH et autres IST. Des équipes médicales très puissantes s’autoproclameraient « spécialistes en cissexualisme », et obligeraient les cis hormonés et opérés à devoir s’habiller dans leur genre de naissance. Le taux de suicide serait très élevés chez eux, bien plus que chez les trans.
Et à ce moment là, quand j’interviendrait sur un site, en commentaire, ou sur les réseaux sociaux, et que je m’exclamerait : «Hé ! Quel est le problème des cis ? Ils ont des privilèges, non ?» A ce moment là, oui on pourrait me dire que je suis cisphobe.