Cela faisait un certain temps que je n’avais pas abordé avec vous mon état d’esprit actuel ainsi que mes quelques expériences.
Donc j’ai quitté Marseille. Je suis à présent hébergée chez un ami, au Sud de Toulouse (à Auterive exactement). Il fait partie du Cercle (vous savez, ceux qui Savent à mon sujet). Figurez-vous qu’il me laisse totale liberté d’habillement à l’intérieur de l’appart, en sa présence ou non. Pouvoir se déplacer avec les vêtements qui correspondent à mon genre est une totale satisfaction. Evidemment, il s’agit d’une forme de travestissement, il ne faut pas se le cacher. Je n’ai jamais revendiqué appartenir à la catégorie « travesties », en ce sens que je fais ceci pour moi essentiellement, et que cela me permet de me sentir bien (j’espère ne froisser aucun ni aucune « trav », si c’est le cas, faites moi s’en part). Cela dit, le physique lui n’évolue guère. J’ai fait une grosse séance d’épilation à la cire il y a environ 2 semaines, ce fut pour moi un cap, un autre élément à saisir de ma féminité. Je compte d’ailleurs faire une nouvelle séance de façon à bien éliminer ce qu’il reste. Cela est douloureux, mais je prends un plaisir intense à le faire.
Je suis actuellement dans l’attente. Une attente un peu douloureuse, étant donné que je ne suis en pays toulousain que pour encore un gros mois. C’est à Paris que tout devrais s’accélérer. Toutefois, je prends les devants en jouant de plus en plus sur une ambiguïté de genre. Je ne porte guère plus que mes pantalon slim flare (apparemment c’est le mot précis pour caractériser les pantalons qui serrent les cuisses mais s’évasent en allant vers les pieds). J’échancre mes chemises, applique ma coiffure au mieux, et tenter de soigner ma démarche. Une anecdote tenez : Je marchais en allant me balader faire quelques clichés, quand une voiture s’arrête à mon niveau à un croisement. C’était un type qui m’avait vue le jour d’avant, dans un champs en train de photographier (encore ??). Il m’avait interpellée, j’ai pas trop sût ce qu’il me déblaterrait. Je me suis donc barrée. Et ce même personnage, du genre pacoulin, sort de son véhicule. Ses premiers mots : «Bonjour Madame, euh, Madem- euh Monsieur… Euh, oui voilà.» Moi : «Bonjour» de ma plus belle voix. Lui : «Vous savez que c’est une propriété privée, qu’il y a des chiens, bla bla […]». Je vous épargne le discours sur le fait que je ne faisais que prendre des photos tout ça. Il est reparti en me saluant poliment, mais visiblement un peu perturbé parce qu’il avait en face de lui. Au moment même où son véhicule s’est éloigné, je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire. Mais cela m’a fait plaisir d’avoir eut droit à un « Bonjour Madame ». Comme quoi…
J’ai pu faire quelques soldes à Toulouse, et j’en ai ramené une jolie chemisette rouge et un slim cette fois-ci, noir. Cela me donne une apparence plus androgyne encore que ce que j’avais à la base. Je compte enrichir ma garde robe dans ce sens. J’ai pu constater que de plus en plus souvent, je n’ai pas droit à un « Bonjour Monsieur » mais à un « Bonjour » tout court. Les gens ne savant peut-être pas à quel genre m’accorder quand ils me voient (ou bien c’est moi qui me fait des idées, allez savoir…). Ma voix toutefois trahit. J’y travaille.
Tout ceci n’est qu’une mise en bouche dans ma transition. Je suis encore bien loin d’avoir accompli le chemin, d’avoir franchi cette passerelle qui est la mienne. Le mois prochain, je vais poser les premiers jalons de ce chemin, en commençant à lister puis prendre contact avec des médecins traitant et des endocrinologues qui accepteraient de m’accompagner dans mon THS (et l’ALD pour la première personne), sur Paris. J’ai hâte. Vraiment. Il reste encore tant à faire…
La semaine prochaine, et dès ce WE, je ne serais pas à Auterive. En effet avec mon ami, nous montons du côté de Dieppe pour participer à la rencontre d’été organisée entre les passionnés de météo auxquels j’appartiens. Je compte faire un CO auprès de quelques personnes que je fréquente régulièrement sur IRC (un protocole regroupant un nombre invraisemblable de salons de discussion). Et ce devrait être la dernière fois que tous me connaîtrons sous cette « apparence ». Si je peux commencer mon traitement disons fin Septembre, Octobre au pire (mais s’il faut attendre encore un peu, hé bien j’attendrais…).
Pour terminer, quelques images de moi-même réalisées en fin d’aprème, j’ai joué avec ma robe blanche et les innombrables Soleils qui filtraient au travers du store.
Oui je sais, j’aurais du sourire ;).