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Photographie Pré-THS

Un mois de Mars sur la Passerelle

Il est temps pour moi de vous donner un signe de vie, ayant été pas mal absente ce mois-ci. Et pour cause ! Ce mois aura été très agité pour moi, avec plein de bonnes choses qui me sont arrivées.

Tout commence en fait fin Février. J’envoie un email au Conseil d’Administration de l’association Infoclimat, dont je suis adhérente, et responsable technique du site. Cet email constitue la première phase de mon changement d’identité sur la Toile. J’informe donc le CA de ma volonté prochaine de changer mon identité sur le site, en ayant Damia, et de placer mon profil forum de « non spécifié » à « femme ». Certains membre du CA étaient déjà informé de ma transidentité, ce qui facilite les choses. Mais toutefois je ne me fais pas de mauvais sang car ils sont tous très ouverts d’esprit. Je fais ceci aussi en vue de les préparer à ma venue à la Rencontre Nationale à laquelle je prendrai part, en tant que femme à 100%. Et puis, une semaine plus tard, j’opère les changements sur mon profil site et forum. J’ai eut des réactions de la part des autres membres, toutes aussi positives les unes que les autres. Un vrai petit bonheur ! Et ce n’est que le début.

1er Mars. J’embarque dans le TER pour Briançon, afin de rejoindre le lieu de la rencontre, situé à La Grave, dans les Hautes-Alpes. Un petit restau en milieu de journée à Briançon, j’y laisse mes bagages le temps d’une petite visite de la vielle ville. Je tombe sur une boutique qui vend des bijoux de pierre semi-précieuses. C’est là que j’y achète ma première bague pour mon pouce, un magnifique anneau en hématite pure ! Mon choix a été motivé par le fait que sur Mars, de l’hématite avait été découvert par le rover Opportunity, sous la forme de petites sphérules. Cela me permet de porter, par procuration, un bout de Mars sur mon pouce. Oui, une vraie passionnée de la planète Mars !
Je continue mes déambulations dans la citadelle, et tombe nez-à-nez sur… des membres d’Infoclimat venus en visite. Je ne pensais pas les trouver là ! Donc exit le bus pour La Grave, c’est avec l’un d’eux que j’irais au gîte, en voiture. L’est pas belle la vie ? On prends un chocolat chaud dans une crêperie, l’occasion de discuter avec un très bon ami de mes choix. C’est juste excellent. La rencontre s’annonce de bonne augure.
Et en effet, j’avais raison. Les jours passeront, et je m’y sentirais véritablement à l’aise. Être moi, enfin moi, à 100%. Et ça, c’est génial ! Le secrétaire de l’association me remet ma carte d’adhérentE, avec le bon prénom. Cela me touche vraiment. Je bondis de plusieurs mètres sur ma passerelle, un vrai régal.

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Quelques photos Hautes-Alpines histoire d’agrémenter ;).

Deux amis auront eut du mal à me reconnaître ! Le premier m’avait fait la bise à son arrivée le soir au gîte, alors que nous prenions le repas. Je lui ait dit : «Comment ça va depuis le temps ?». Il ne m’avait pas répondu, mais le lendemain il s’était excusé de ne pas avoir répondu car il ne m’avait pas reconnue. Je prends cela de façon positive, car cela veut dire que, même sans THS, j’ai réussi à changer mon apparence de la façon que je voulais. Et un autre ami, qui venait d’arriver en voiture, alors que nous revenions du téléphérique, qui eut du mal à me reconnaître et eut du mal à en croire ses yeux. Je me demande ce que cela va donner avec le THS…

Et puis, il faut revenir. Douloureux moment que celui du retour, avec en tête les voix de mes amis durant les repas, leurs rires, leurs visages. Ces moments passés à l’extérieur dans le cadre magnifique offert par les Hautes-Alpes, à l’intérieur durant les soirées interminables. Et ces instants passés avec moi-même, un petit verre de rosé posé sur le rebord du balcon, me grillant une cigarette. Tous ces instants archivés dans ma mémoire, je ne les oublierais pas.

Mais je ne suis pas au bout de mes émotions. La semaine suivante, direction : Toulouse. Alors j’explique le contexte. J’avais été contactée par le laboratoire qui a conçu l’instrument ChemCam embarqué à bord du rover Curiosity, qui est actuellement sur Mars. Ils ont trouvé très intéressant mon travail sur les images de ce rover, que je présente sur mon site web Marsrovers Images. Et ils m’ont proposé d’exposer une sélection d’images lors d’une soirée qui sera menée au bâtiment administratif de l’Université Paul Sabatier. J’étais aux anges ! Et donc, après une longue correspondance par email et téléphone, tout était en place. Ou presque. J’informe la responsable de communication de ma transidentité et de ma volonté d’être affichée en tant que Damia. Ce qui fut chose faite, et n’a causé aucun soucis. Que demander de plus ? Je peux véritablement envisager ma carrière de photographe avec ma nouvelle identité, ce qui est formidable.

Avant de partir à Toulouse, je profite de l’occasion pour organiser mon changement d’identité sur toute la Toile. Désormais je ne vivrais plus masquée sous ce prénom que je ne considère déjà plus comme le mien. Changements sur mon blog et mon site, sur mon profil Google+, mon premier compte Twitter, qui me sert de plate-forme de communication, messages sur divers forums, et ce fut chose faite. Me voilà Damia, de façon plein et entière, peut importe l’endroit où je me trouve sur Internet. J’eut de nombreuses réactions, toutes aussi positives les unes que les autres. Si la transphobie existe, elle n’est sans doute pas l’apanage de mon public, des gens qui me suivent et qui aiment ce que je fait. Je dois reconnaître que je ne m’attendais à un tel élan. C’est vraiment très très positif pour la suite. La Passerelle vibre sous mes pas précipités !

12 Mars. Me voici à Toulouse, pour assister à mon exposition. Je rencontre la chargée de communication, qui fut mon contact tout du long, ainsi que le Co-Responsable de l’instrument ChemCam. Il n’y aucune question quant à mon apparence, et pourtant, il y aurait eut de quoi étant donné que j’ai sorti le grand jeu : robe bleue courte, collants bleus à paillettes, talons hauts. Honnêtement je n’aurais jamais imaginé pouvoir sortir ainsi il y a plusieurs mois de cela. Si ça continue ainsi, je vais finir par briser des lattes.

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Une maquette à l’échelle 1:1 du rover Curiosity trône au milieu des photographie de l’exposition
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Moi-même, à côté du rover. Une belle bête en vérité.

Non mais je parlais du rover hein !!!

Et puis il faut rentrer. Encore. Toujours.

Un dernier séjour m’attends en ce mois de Mars. Le genre de séjour que je comptais faire depuis longtemps. A Dijon, rendre visite à Julie (@julie666). Je lui avait fait la promesse que j’irais lui rendre visite un jour, et c’est ce que j’allais faire. Un séjour avec un goût spécial. J’ai failli rater de peu le TER pour Marseille, et arrive à Saint-Charles, afin de prendre le TGV pour Dijon. Le voyage d’aller me paraît durer une éternité tant l’empressement s’est emparé de moi. C’est un des colocataires de Julie qui m’accueille en gare, elle ne pouvant pas car étant au travail. Il m’amène à leur appart -son appart- et j’ai comme l’impression de passer de l’autre côté du miroir. Me reviennent en tête nos nombreuses séances de Skype, à voir en arrière-plan les différentes pièces de son appartement. Je l’imaginais plus grand à vrai dire. Comme quoi il ne faut jamais vraiment faire confiance aux caméras.
Je fini de griller ma clope sur le balcon, quand j’entends une voiture arriver en contrebas. C’est elle ! Je l’observe en sortir, et disparaître quelque part en bas de l’immeuble, dans le son des talons qui s’éloignent. Je me sens excitée comme une jeune adolescente. Elle arrive en haut de l’escalier et ouvre la porte. Elle entre. Plusieurs sentiments me traversent à ce moment là, dont celui de la curiosité quant à mon devenir. Et au vu de ce que je vois à cet instant là, je suis plus que sûre et certaine de mon avenir. Nous nous faisons la bise, nous enlaçons un instant. Depuis le temps qu’on devait se voir. Ah là là…
Elle m’amène le soir-même à CIGALes, l’association LGBT Dijonnaise. C’est la première fois que je vais dans les locaux d’une telle association. Je m’y sens véritablement à l’aise, dans cet océan de tolérance et de compréhension mutuelle.
Puis le séjour défile. Sortie sur le plateau de la Cras, balades dans les boutiques, soirée à l’Antre II Mondes, les repas le soir chez elle, la balade au parc. Je vivrais ce séjour intensément. Vivant chaque minute comme si c’était la dernière.

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Moi et Julie à l’Antre 2 Mondes, ayant presque fini de dévorer une planche de frometons et de charcuteries diverses et variées. Ce n’est pas Karadoc qui va me contredire !

Le retour. Tant redouté. J’ai fait en sorte de ne pas y penser. Mais je savais qu’à un moment donné il me fallait l’affronter. J’embrasse Julie une dernière fois sur le quai de gare. Une amitié aussi forte, c’est quelque chose que j’ai rarement connu. Pour ainsi dire jamais. De l’amitié, ou bien autre chose ? Dans ma tête lors du voyage de retour, c’est la confusion. Je pleure, à de très nombreuses reprises. Les moindres détails me refont penser à Julie, au séjour. Je prends une verre en terrasse sur le Vieux Port de Marseille, entre deux trains. Une grande fille, cheveux bruns, passe, même physique. De nouvelles larmes me submergent. TER pour Sausset-les-Pins, du stop, et me voici revenue à Saint-Julien-les-Martigues. Je passerai le restant de la journée à me remémorer ce séjour. Je n’arriverai pas véritablement à rentrer. Mon esprit est ailleurs, toujours à Dijon. Je pleurerai, encore de nombreuses fois…
Oui Julie, c’était un merveilleux séjour en ta compagnie, tu es formidable, c’était vraiment magique ! Je ne te remercierai jamais assez. J’espère pouvoir te rendre la pareille si jamais tu veux descendre en Provence.

Pour conclure ce long article, ce mois de Mars aura été déterminant pour moi, et jamais je n’aurais été autant convaincue d’être sur la bonne voie, et d’avoir pris la bonne décision : celle d’assumer mon identité de genre et d’aller de l’avant !

Carnet de rendez-vous : le 4 Avril, 1er rendez-vous avec un dermatologue afin de préparer le terrain pour de futurs tirs LASER. Le 11 Avril, 2ème rendez-vous avec un autre endocrinologue, à Marseille. J’espère pouvoir obtenir mon traitement hormonal substitutif.

14 réponses sur « Un mois de Mars sur la Passerelle »

Merci beaucoup pour vos commentaires tous très sympathiques 🙂 Je vous adore !

J’espère apporter d’autres bonnes nouvelles le mois prochain ;).

Je rentre chez moi, où le net est indisponible pour le moment (fichu FAI, ça met 3 plombes à venir). A bientôt !

Bonjour Damia,

Je lit le forum Astrosurf et admire votre travail de colorisation des photographies de mars.
En allant regarder les photos du rover où vous étiez présente je n’ais pas remarqué que vous étiez la personne en premier plan, ceci simplement pour vous dire que la transformation est réussie (bien qu’encore incomplète à vos yeux). Votre démarche force le respect, je vous souhaite une très belle nouvelle vie.

Encore merci pour vos commentaires 🙂 Et plus spécialement celui de Hervé, qui me touche vraiment ! Tu dois être une des premières personnes hors-Yagg à venir commenter sur ce blog :).

Content de t’avoir revue à La Grave, ça faisait un bail … d’autant qu’il y a eu pas mal de galères entre temps :/ Tes photos présentent toujours cette superbe dynamique qui les caractérisent, elles me rappellent combien ce séjour fut doux .. mais aussi très studieux 🙂

Félicitations pour ton expo à Toulouse, c’est un résultat logique quand on sait le travail et les compétences que ces assemblages te demandent.

Enfin, j’espère que tu va bientôt pouvoir commencer ton traitement, je sais combien cela importe pour toi.

A bientôt (Sur #KW ?)

+++

Je te découvre ce soir, nous sommes le 6 avril et je suppose que ton premier rendez-vous s’est déroulé avec bonheur.
Bonne chance à toi coté professionnel et coté transformation (mais est-ce le bon mot, ne devrait-on pas trouver un mot qui signifierait « retour à ce que je suis » ?).

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