Je recherchais une photo dans mes archives quand j’ai eut l’envie de parcourir le dossier /2012/11/ de mon disque dur. A l’intérieur des photos de Décembre 2012. Puis celles-ci prirent sens sous l’angle de ma transition. Lieux de coming-out, lieux de souvenirs… A l’approche de la fin de ma première année de THS, je vous propose ces quelques mots concernant mon passé.
La façade de cette école c’est celle que je fréquentais lorsque j’étais en CP. Une lointaine époque pour moi. 1991/1992. Morceaux de mémoires qui constituent un puzzle désormais difficile à assembler correctement… A cette époque je n’étais pas encore troublée par toutes ces questions sur mon identité, mais quelques certitudes tout de même. Je préférais jouer avec les filles, même si leur univers me semblait définitivement hermétique. Les jeux de garçon m’ennuyaient… Je passais mon temps à rêver, seule dans la cour située à l’arrière de ce bâtiment d’un petit village du Périgord du Sud. « École de Filles ». Comme une résonance en moi, de ce passé encore plus ancien où les garçons et les filles devaient faire la classe séparément.
Vue sur le vallon de Luminy. Nous sommes plus tard. Bien plus tard quand je parcours ces lieux. Les sommets que l’on voit ici, je l’ai tous parcouru. Leur vallons aussi. Et c’est perchée sur la colline de Vaufrèges, à l’Est de Marseille, que je commençais à m’exercer la voix, pour lui donner un rendu plus féminin. Difficile travail qui à l’époque ne me satisfaisait guère… Nous sommes début Décembre 2011. Et les choses vont s’accélérer…
Encore Marseille. Encore ces roches éclatantes au Soleil sur ce ciel si caractéristique. Avec mon ami Olivier nous arpentons la Muraille de Chine, véritable défilé rocheux d’une splendeur qui n’a d’égal que sa dureté. C’est plus haut que je confierai à cet ami ma transidentité. Mon deuxième coming-out. Le premier ayant été réalisé devant l’écran froid de ma dalle LCD, jeté sur quelques pixels bien trop limités pour en exprimer toutes les nuances. Cet ami m’écoutera. Sera attentif. Compréhensif. Bienveillant. Merci Olivier.
La fin du mois de Décembre. Repas de Noël avec la famille de mon père. Nous sommes en Gironde. Je pars pour une marche avec ma mère. Et je lui confie ma volonté d’abandonner cette vie de jeune homme qui ne me convenait plus, qui me mettait mal à l’aise, qui me dégoûtait presque. Ma volonté d’être une femme. D’être moi, tout simplement. Elle m’écoutera aussi, mais craintive. Son fils n’est pas tellement un fils. Nous converseront le long de cette route qui borde un champ. Cela sera intense, fort. Elle comprendra. Cette vue a été prise lors du retour à la maison de ma grand-mère.
Merci maman.
Ce passé est avec moi, il est en moi. Il fait partie de moi. Je ne le regrette pas. Tous ces moments privilégiés avec mes amis, ma famille pour leur faire comprendre ma détermination sont précieux. Maintenant je suis libre. Fière d’être moi.