Alors ce matin, enfin, en fin de matinée, après un rendez-vous chez Pole-Emploi, et vu que mon rhume était désormais bien fini (la forme olympique en cette matinée quasi-estivale sur Marseille), je me suis planifié un don du sang.
Hop, ni une ni deux, à l’EFS (Etablissement Français du Sang) de mon quartier pour aller approvisionner les Vampires (c’est ainsi que je nomme le personnel de l’EFS). Procédure habituelle : le questionnaire à remplir (juste un QCM), et le passage devant une personne chargée de prendre vos coordonnées (carte de donneur, confirmation de l’adresse et téléphone), impression des codes barre de suivi. Je reviens dans la salle d’attente, j’ai à peine le temps de lire le dernier Psychologie Magasine que l’on m’appelle pour l’entretien privé avec le médecin qui est chargé de vous poser des questions plus ou moins intimes. Bref ! Est-ce que je suis allé à l’étranger durant les 4 derniers mois ? Non. Eté en contact avec du sang ? Non. Eté traité pour X raison ? Non. Pris de la cocaïne ou de l’héroïne (véridique) ? Non. Eut des problèmes cardiaques ? Euh… Je réfléchis bien, et oui, j’avais eut quelques palpitations du coeur assez curieuses il y a environ 2 à 3 mois. Ceci est suffisant pour annuler mon offre de sang, motivé par le risque très faible et improbable que ces palpitations cardiaques puissent provenir d’artères coronaires défectueuses et que si on me pompe un demi-litre de sang je pourrais avoir un infarctus (oui rien que ça !). Et merde me dis-je, car j’aurais bien voulu donner quoi… Il va me falloir filer un électro-cardiogramme histoire de rassurer.
L’entretien touche à sa fin, mais une question surgit. Elle provient de moi.
« Je voudrais savoir, avant que l’on en finisse, est-ce que les personnes transgenres peuvent donner leur sang ?»
Question à priori banale mais qui semble comme assommer mon interlocuteur en blouse blanche. Il me fait répéter. Je change un peu le terme, passant de « transgenre » à « transsexuelle ». Immédiatement.
« Non parce que les trans ont forcément eut une relation homosexuelle, or les homosexuels ne peuvent pas donner leur sang.»
Cela j’aurais du le sentir venir à des kilomètres. Mais je continue sur ma lancée :
«Est-ce qu’une personne qui est sous THS, traitement hormonal, pour se transformer, peut donner sans sang ? Voilà le sens de ma question.
– Alors ceci est possible, les hormones ne sont pas un gêne au don du sang, c’est pas le problème.
– Okay, parce que écoutez, la personne qui envisage une transition ici c’est moi, je compte modifier mon corps et je voulais savoir si je pourrai encore donner mon sang. De plus, je n’ai eut aucune expérience sexuelle avec un homme (ni une femme d’ailleurs) et je ne suis aucunement attirée par les hommes. En quelque sortes, je suis, du point de vue de mon genre, homosexuelle.»
Silence, et incompréhension bien sentie de la part du médecin. Le préjugé est encore tenace : si l’on veut devenir une femme c’est que l’on est attirée par les hommes (fichue pensée binaire) et que l’on est donc homo (d’un point de vue sexe à sexe). Je parviens malgré tout à lui indiquer que cela n’est pas forcément le cas, et qu’il faut bien distinguer SEXE, GENRE et ORIENTATION SEXUELLE.
J’ai cuisiné un peu le médecin sur la raison du refus du sang fourni par les homosexuels. Il m’a justifié ceci par le biais de statistiques selon lesquels le VIH toucherait nettement plus les gays que les autres « catégories » de population. Par contre, aucun problème pour les femmes homosexuelles, qui peuvent donner leur sang. Ceci est assez curieux il faut l’avouer, car un hétéro peut très bien avoir le VIH et autres IST sans que l’on ne s’en rende compte immédiatement. Employer les statistiques pour effectuer un genre de tri entre les gens « pas aptes » et les « aptes » est assez hasardeux, en ce sens qu’il existe des gays qui ont un sang tout aussi biens que ceux de leurs confrères et consoeurs hétéro et gouines.
Retenez toutefois ceci : les personnes sous THS peuvent donner leur sang, les hormones ne sont pas un éléments disqualifiant pour le don du sang. MAIS, il va falloir encore faire de l’information au niveau de la distinction entre orientation sexuelle et le genre afin de ne pas être discriminés.