(Histoire à l’origine publiée sur blog des Productions de la Semaine (encore en ligne mais pour plus longtemps).
Cette image montre une vue depuis la surface d’Aerilon, avec une des premières explosion nucléaire Cylon.)
Adieu Aerilon
Hier matin a commencé l’attaque. Je m’en souviens de façon encore très nette. Trop nette.
J’étais revenue d’une longue soirée étudiante à l’université d’Aerilon, à Promethea. Revenir de cette ville aussi importante, afin de regagner pour le Week-End la maison familiale, est souvent un véritable combat en lui-même, surtout en fin de nuit, quand l’hover-train pour Auxesia ne roule plus. Fort heureusement, Debby, ma petite amie, qui suis sa formation de pilote civil en transport spatial, a réussi à trouver un vaisseau de transport subplanétaire, qui ne possède pas de propulsion FTL, mais largement suffisant pour couvrir les quelques 450 km qui me séparent de mon village natal, situé en pleine zone agricole.
Le Soleil se levait sur les immenses champs de blé et d’orges, quand un flash surpuissant a failli littéralement nous aveugler. Elle provenait d’Auxesia. Debby s’est mise à déclamer d’une voix inquiète :
«J’ai perdu contact avec le spatioport d’Auxesia !
– Comment ??
– Bah pouf, il n’y a plus rien. Au moment même de cette explo-»
Elle n’avait pas le temps de finir sa phrase qu’un second éclair de lumière étincellait plus loin. Suivi d’un autre, derrière nous.
«Hu oh… Contact Dradis. Un… Une bombe thermonucléaire arrive juste au dessus de nous. Nous devons sortir de là, et au plus vite !
– Et merde !
– Il faut sortir de l’atmosphère, c’est la seule solution pour éviter le souffle de l’explosion.» a dit, sans une légère inquiétude dans sa voix, Debby.
Elle poussa le levier du réacteur principal à fond, et inclina le vaisseau vers le haut. L’accélération fut brutale. Je pu voir la bombe tomber, suivie d’une traînée de fumée. Elle arrivait vite ! Nous grimpions, prenions de la hauteur. Vite, encore plus vite. Le bleu du ciel se fondait en noir. Nous avions à peine quitté les couches les plus denses de l’atmosphère. Je me ruais sur l’arrière du vaisseau. La surface d’Aerilon se présentait face à moi. Je cherchait du regard mon village natal. Il n’y avait plus qu’un gros nuage verdâtre en dissipation. C’est à ce moment là que la bombe que l’on avait cherché à éviter, explosa. Je détournais le regard, mais même de cette façon, l’intérieur du vaisseau fut illuminé comme jamais.
«Sois prête pour l’impact ! hurla Debby
– Impact ?»
Je me hâtais de regagner mon siège et de m’attacher solidement. J’aurais du le pré-sentir : l’onde de choc arriva. Elle secoua brutalement notre vaisseau et nous envoyait valser. Et mit hors-service l’électronique de bord. Nous fûmes donc à la dérive, sur une trajectoire d’éjection de la planète. Notre planète. Aerilon. Le « silot à grain » des Douze Colonies. Elle passait régulièrement au travers de la fenêtre avant du cockpit. A chaque fois perforée par des impacts. Des bombes nucléaires. Mais d’où venaient-elles ? C’est à ce moment là que nous les avons vus. Debby me dit qu’elle n’avait jamais vu de tels engins. Au loin, un énorme vaisseau en forme d’étoile. Enfin plutôt comme deux immenses hélices l’une sur l’autre. Et devant, des milliers de petits vaisseaux, en forme de lune. Me reviennaient alors en tête mes cours d’Histoire. Les images de ces documentaires, que j’avais trouvé trop nombreux. Oui, il n’y avait pas de doute, ce sont eux. Les Cylons. On les avait crus loin, très loin d’ici. Qu’ils n’étaient plus une menace depuis 60 ans. Et pourtant…
Notre crainte était de ne pas être repérées. Debby échafauda un plan. On ne peux plus simple en fait. Nous ne devions pas rallumer le vaisseau. En effet, cela aurait mis en route le transpondeur et nous rendrait visible sur le Dradis des Cylons. Nous allions devoir prier les Dieux afin qu’un vaisseau plus important, et ami, soit sur notre trajectoire. Par chance, nous nous dirigions vers l’un des axe de transport principal entre Aerilon et Caprica. Avec un peu de chance, nous pourrions trouver de l’aide par là-bas
Les heures s’écoulaient.
«Bon, je relance le système, en mode minimal. Il me faut le Dradis. D’autant qu’il semble que visuellement, il n’y ait plus de présence hostile.»
L’écran s’allumait. Vide, aucun vaisseau de visible. Ni ennemi, ni ami. C’est à ce moment là qu’un bip résonna dans l’habitacle.
«Contact Dradis !» hurle-je.
Ma petite-amie me regarde d’un air grave. Je lui ai dit :
«Quoi ? J’ai toujours rêvé de dire ça !!»
Eclats de rires. Mais rapidement, nous retrouvions notre sérieux. Debby identifia le vaisseau : amical. C’était le Botanical Cruiser. Enfin une bonne nouvelle. Debby ralluma le système au complet et entama la route vers le croiseur. Rapidement il fut en vue. Un gros vaisseau, tout en longueur, avec d’immenses serres qui abritent des jardins botanique et d’agriculture, qui courent tout le long de son corps.
Après identification, nous fumes autorisées à poser notre vaisseau dans l’une des baies d’atterrissage située à l’arrière.
C’est le capitaine du vaisseau qui nous accueille en personne.
«Bienvenue à bord du Botanical Cruiser. Nous pensions être les seuls à avoir survécus à l’attaque sur Aerilon. Mais je pense que peu de monde a du réchapper de ce véritable massacre…»
Un officier arrive. Il a l’air bouleversé.
«Capitaine. C’est une horreur. Les Cylons. Leur attaque a pris de surprise l’ensemble des Douze Colonies ! Les pertes se chiffrent par milliards. Que pouvons-nous faire ?
– Prier, mon ami. Prier. Ainsi tous nous le disons.
– Ainsi tous nous le disons.»
On nous a assigné des quartiers d’officiers non-occupés. Nous pouvons y mettre la radio des communications globales. Il n’y avait rien, absolument rien. Jusqu’à ce que…
«Ici le Capitaine. Nous allons effectuer un saut FTL en direction du Colonial One, où se trouve la présidente des Colonies Laura Roslin. Nous devons partir immédiatement, avant que les Cylons nous trouvent. Je suis conscient que tout ceci est rapide, brutal même, mais nous n’avons pas de choix. Aerilon est tombée, il n’y a plus d’espoirs sur cette planète.» termina-t-il, un peu brutalement.
Nous étions sous le choc. Nous allions quitter la planète qui nous a vu naître, grandir, évoluer. Je n’ai rien connu d’autre que Aerilon. Ses larges plaines doucement vallonées. Ses couchers d’Helios sur les champs qui s’étiraient à perte de vue. Les terribles orages supercellulaires de la chaude saison. L’étrange beauté fascinante de la capitale Gaoth. Mes études en climatologie appliquée à la botanique dans la seule université de la planète. Mes parents… Mes amis… J’ai tout perdu. En l’espace d’un battement de cil. Je me mis à pleurer. Debby me serra dans ses bras pour me réconforter. Elle aussi laisse beaucoup de choses sur Aerilon.
Et le saut FTL fut exécuté. Un coup d’oeil à la fenêtre. Nous étions arrivés tout contre le Colonial One. Et de nombreux vaisseaux sont présents tout autour. Une véritable flotte !
Quelques heures plus tard, nous effectuions un nouveau saut FTL, mais cette fois-ci, toute la flotte, en direction d’une zone nommée Ragnar. Un vaisseau de guerre nous y attends. Le commencement d’une nouvelle période dans nos vies, d’une aventure incroyable. Le Battlestar Galactica.