CIGaLes est une association LGBT dijonnaise. Son acronyme signifie « Collection Incroyable de Gays et de Lesbiennes ». Fondée en Décembre 1995, celle-ci s’occupe de questions autour des orientations sexuelles et des identités de genres.
Cette asso, ce fut la mienne durant mes deux années de présence à Dijon.
Cette asso aura laissé une marque indélébile dans mon existence.
Cette asso aura changé ma vie.
La première fois que j’ai entendu parler de CIGaLes ce fut en 2012, lors d’une sessions Skype avec la toute première personne trans que j’ai pu avoir en contact dans ma vie. Personne qui par ailleurs a eu un rôle déterminant dans ma vie et dans ma transition, en étant mon guide, ma référence, et surtout, une amie (j’en profite pour lui adresser mes remerciements infinis, et ma gratitude la plus sincère, tout ce qu’elle a fait pour moi est énorme). Ceci est important car ma 1ère visite chez CIGaLes ce fut lors du mois de Mars de l’année 2013, alors que je rendais visite justement à cette amie. C’était nouveau pour moi tout ça. Je n’avais jamais réellement côtoyé le milieu associatif LGBT. Je me retrouvais enfin avec des personnes partageant un vécu similaire au mien, du moins partie. J’étais encore loin d’être la militante que j’étais aujourd’hui, même si je commençais à me forger quelques idées sur quelques sujets. C’était un Jeudi soir, lors du temps convivial hebdomadaire proposé par l’association. Et je suis partie de cet endroit en me disant que je ne reverrai probablement plus jamais ce local, ni les personnes qui étaient présentes.
J’avais tort. Et l’avenir me le montrera.
Septembre 2013. Contrainte de quitter Martigues, je m’installe à Dijon. Et je retrouve le contact avec l’asso. Les Jeudis soir s’enchaînent. Mais, aveuglée par un amour impossible, je ne voyais pas certaines choses, ni les autres personnes de cette association. Je peux prendre part toutefois en Novembre à une formation sur la transidentité, destinée surtout aux personnes cis, lors d’un week-end, qui fut trop court aux dires de tous-tes.
Début 2014. Les choses s’enchaînent. Je fais la connaissance d’une personne FtM, contact enrichissant. Je suis désormais administratrice de cette association, l’envie de m’investir dans le militantisme de terrain ayant vite germée en moi. Je m’occupe de créer des visuels, avec la petite ambition de donner une vraie identité visuelle à CIGaLes, lui donner une marque bien distincte.
Mars 2014. Le Jeudi 27. Jeudi soir comme les autres. J’y fais la connaissance de la personne qui partagera la suite de ma vie. Il s’agit de Tom-Alex, qui a l’époque n’était pas encore hormoné, et n’avait pas encore commencé la moindre transition. Ses questionnements face à son identité de genre viendront très vite passé sa première venue au local. Lui et moi nous nous rapprocherons très rapidement, et un mois plus tard nous serons en couple. Vous comprenez mieux la relation particulière qui me lie à CIGaLes…
Mai 2014. La Marche des Fiertés de Dijon. Il ne s’agit pas de ma première marche des Fiertés, ayant fait celle de Paris l’an dernier, ainsi que cette Marseille, et l’Existrans, la 17ème édition. Mais cette fois-ci je prends part à l’organisation, et à la conception du visuel de cette marche. Cela est très enrichissant, j’apprends beaucoup de choses.
L’année 2014 continue. Je prends part à ma 2ème Existrans, en représentation pour CIGaLes. Dijon n’est pas absente donc du cortège.
2015 se présente. Et je me présente pour une 2nde année en tant qu’administratrice, bien déterminée à faire porter haut et fort les revendications transgenre et à défendre mes prises de positions. Une nouvelle activité voit le jour en Mars 2015 : un groupe d’auto-support trans et identités de genres. Initié par une personne non-binaire, et avec le soutien de Tom-Alex, je fais en sorte que CIGaLes ne soit pas absente de cette initiative et en fait donc une activité à part entière, qui se déroulera désormais tous les premiers Samedi de chaque mois. La première sessions sera inaugurée par Delphine Ravisé-Giard, la présidente de l’Association Nationale Transgenre, et Tanya, la trésorière de la même association. Je précise que l’ANT est, avec CIGaLes, membre de la Fédération-LGBT, structure qui œuvre à la mutualisation des militantismes LGBT de tout le territoire national, et qui réunit plein de villes hors Paris (Orléans, Bordeaux, Marseille, Rennes, Nantes, et j’en passe…). CIGaLes en est une des membres fondatrices.
L’année progresse. Je participe à l’organisation de la 3ème Marche des Fiertés dijonnaise, dans une contexte toutefois sensible, avec l’absence de l’association d’Auxerre (Trait d’Union) dissolue en Avril, et l’absence de l’association Rainbow de Chalon-sur-Saône, en proie à de gros soucis. J’ai désormais une conscience bien plus forte des enjeux nationaux et du militantisme LGBT à l’échelle de la France. Cela me permet de mieux appréhender le rôle d’un centre LGBT comme CIGaLes. Sans compter que je m’occupe désormais des communications Facebook et Twitter de l’association, avec la conception de tous les visuels.
Juin 2015. Avec un administrateur de l’asso, nous partons à Rennes, pour une Rencontre d’Eté de la Fédération-LGBT. Nous y représentons CIGaLes, et c’est avec une certaine fierté que j’accompli cette mission. Je peux réellement tâter du doigts les enjeux nationaux. Je retrouve à Rennes avec un grand plaisir des personnes connues l’année passé au CGLBT de Rennes (lors d’une soirée organisée par une autre association, AcronymeS, dont la présidente est une amie proche).
L’été, la fermeture estivale. Et puis, du chamboulement à l’Ouest. J’apprends que notre couple aurait la possibilité de s’installer à Bergerac, dans un appartement plus grand que celui occupé à Dijon. Le pour et le contre s’oppose. Rester à Dijon ? Revenir à Bergerac ? (Oui, revenir, car je suis originaire de cette région). Le contre est évident : CIGaLes. Je n’ai pas envie de quitter une association qui m’aura apporté l’amour de ma vie, des ami-e-s et m’aura apporté plein de choses par ailleurs. Une association qui arrive à ses 20 ans. Une association qui arrive à un moment charnière dans son existence, avec le changement de la présidence annoncée en 2016, et quelques bouleversements du bureau. Et en tête, durant tout l’été, avait germé en moi l’idée de succéder à la présidence actuelle. Car je crois en cette association. Et qu’il reste encore plein de choses à faire, à projeter.
Septembre 2015. J’assiste au dernier Conseil d’Administration. Je verse quelques larmes. Je grave dans ma tête leurs visages. Et puis, le dernier Jeudi soir. Je suis triste de partir. Mais Bergerac m’attends désormais. Oui, j’ai pris la décision, pas évidente à prendre, de m’installer à Bergerac. Les raisons sont multiples, surtout d’ordre personnelles, intimes, vitales pour certaines. Je confie le groupe d’auto-support trans et identité de genre à la personne qui fut à l’origine du projet. Je passe la main à une autre personne pour animer CIGaLes sur les réseaux sociaux.
J’ai de l’espoir pour l’association dijonnaise mais aussi des craintes. Baisse du nombre d’adhérents. Une Marche des Fiertés et une soirée dansante qui n’a pas réuni autant que prévu. Un projet de festival culturel LGBT annulé, faute de financements, notamment sur le crowdfunding organisé par l’asso, qui n’aura même pas pu réunir les 3000€ demandés (tandis que certains projets réunissent 100 000€ en l’espace d’une journée…). Est-ce conjectural ? Est-ce que le militantisme tel que l’a connu le début des années 2010 doit se réinventer ? Je l’ignore… Dans ces années post-mariage ouvert à tous-tes, assiste-t-on à une désertion des associations ? Est-ce un problème plus local ? Réponse difficile à trouver.
Quoiqu’il en soit, CIGaLes est une association qui vaut la peine d’être fréquentée. Et elle ne peut être qu’à l’image des gens qui la compose. Multiple. Parfois contradictoire. Parfois absente.
Je lance cet appel en guise de conclusion : cher-e-s dijonnais-e-s et bourguignon-nes, battez-vous pour elle. CIGaLes a changé la vie de plein de gens. Que cela continue, pour 20 nouvelles années encore.
2 réponses sur « CIGaLes et moi »
Beau post, qui montre comment l’associatif peut changer une vie.
Zut, je suis arrivée à CIGaLes pour la première fois immédiatement après que vous étiez partie ! Votre message d’au revoir était encore sur le tableau.
Un post très sympa, merci ! Excusez mon français.