Je ne comptais plus vraiment mettre de nouveaux articles à ce blog, qui devient de plus en plus une archive qu’un « vrai » blog bien vivant. Cela dit, le temps passe et inévitablement, la barre des 10 ans de THS allait être franchie.
Je ne pouvais pas rester silencieuse alors que je franchis ce cap symbolique.
L’occasion sans doute de faire un bilan de ces 10 ans, de cette transition. De ce franchissement de ma Passerelle. Que dire ?
Ce THS quand j’ai finalement pu l’obtenir fin Avril 2013 (je m’étais refusée alors de la prendre immédiatement, préférant attendre la date de mon anniversaire, soit le 11 Mai), était comme un cadeau inespéré, une promesse de changements, de mise en résonance de mon corps par rapport à mon esprit (si l’on peut le dire ainsi). Dès lors que j’ai pu prendre mes premières doses d’œstradiol, je me suis mise à compter les jours, puis les mois. Chaque semaine allait avec son lot de petites découvertes, et, peut-être, de sensations nouvelles.
Je vivais à ce moment là du côté de Martigues. Puis, j’ai déménagé, pour Dijon en Août 2013. Gros changements. Lieu aussi d’espoirs vains que j’aurai du cesser d’alimenter, pour mon propre salut. Cette période était une période de contrastes. L’excitation de l’avancée des effets du THS se mêlant à des comportements toxiques de ma part envers quelqu’un que je ne remercierai jamais assez et qui aurait du mériter infiniment plus de respect de ma part. Drôle de temps…
Ma rencontre d’abord amicale puis amoureuse avec une autre personne, Poupou, aura été la fin de cette période pas toujours heureuse pour moi. Je m’investissais plus au sein de l’association locale LGBT, CIGaLes, en tant qu’infographiste, en tant que membre active du Conseil d’Administration.
Puis, Août 2015. Après un peu plus d’un an passé à Dijon, et de bons moments vécu dans cette ville, on prends la décision de s’installer à Bergerac, saisissant une opportunité qui ne se reproduirait peut-être plus.
À Bergerac, on prends le temps de se reconstruire. Cela ne sera pas facile. Mais on y arrivera, doucement. On change de logement, en se basant sur des compromis qu’on n’aurai peut-être pas du faire.
Mais mon THS avance, les changements ont l’air d’être terminés. Je me mettrais à pratiquement plus rien publier sur ce blog. Le temps de l’excitation, de l’enthousiasme concernant l’hormonothérapie étant désormais derrière moi. Comme je l’avais dit par le passé, c’est devenu une routine, presque inconsciente, mais malgré tout vitale. C’est un traitement à vie.
J’en profite pour changer mon état-civil, me permettant enfin de ne plus à avoir à justifier de papiers ne correspondant définitivement pas à mon apparence.
Et à partir de là, je serai considérée en tant que femme pleine et entière.
Dans ma vie professionnelle, je tenterai d’avancer, sans me rendre compte que je me heurtais au plafond de verre. Oui. Le fameux. Je mettrais de longues année à comprendre pourquoi mon travail sur les images de Mars n’arrive pas au même niveau de reconnaissance que celui de mes collègues masculins. Il m’a fallut faire face à ce constat triste mais accablant : être une femme, encore plus, une femme trans, semble constituer des obstacles quant à la reconnaissance d’un travail, qui soit-dit en passant, me rendait fière depuis plus de 10 ans désormais. J’ai essayé de faire abstraction. En vain…
Quelques mois avant l’émergence de SARS-CoV2 en France, mon père décédait. J’ai parlé dans mon blog de mes rapports avec celui-ci, mais peu. Mon coming-out en tant que femme trans aura été compliqué. Il l’a d’abord refusé. Catégoriquement. Pour apprendre un an plus tard qu’il lisait mon blog fréquemment, et qu’il a pu comprendre des choses sur moi. Et l’a mené sur le chemin de l’acceptation. Quand je suis revenue m’installer à Bergerac, il était plutôt content de me revoir. J’apprendrai même qu’il était fier de moi, sa fille. Son décès m’aura plus touchée que je ne l’aurai cru. Alors que pourtant dans ma jeunesse c’était un père violent, pas forcément tout le temps négligeant cela dit, mais absent sur plein d’aspects de ma vie. Un passé difficile avec lequel il fut difficile pour moi de me réconcilier. Mais j’ai préféré laisser derrière moi colère, chagrin et regrets, passer outre tout ça, car de toutes façons, cela ne pourrait mener à rien.
La pandémie, le confinement. Trois ans de COVID-19, qui n’est pas fini, il est encore là (masquez-vous, vaccinez-vous). Ainsi les années passent. Périodes de calme apparent interrompues par des temps moins heureux. J’ai désormais 38 ans, et j’ai 10 ans de THS derrière moi. J’essaie de tirer des leçons du passé. Ne pas reproduire les mêmes erreurs. Des pensées fugaces me traversent l’esprits. Des mémoires. Des instants. Certains qui me font sourire, d’autres qui me font honte ou qui me mettent en colère contre moi-même, ou d’autres personnes. Ainsi va le cours des choses.
Ce blog n’aura probablement pas d’autres entrées avant un bon moment. Il est mon histoire, vécue et racontée. Depuis 11 ans désormais car celui-ci a été ouvert début 2012, sur la plateforme Yagg, alors qu’il était encore secret et anonyme, jusqu’à mon coming-out numérique en Mars 2013.
Qu’ajouter d’autre ? Je suis contente de ces 10 premières années de THS, que les prochaines décennies puissent être bonnes, et même meilleures !