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Parlons «Théorie du Genre» au Magazine de la Santé – Emission du 3 Mars 2014

Alors vous voyez à la télévision, on entends un peu de tout et n’importe quoi dès qu’il s’agit de « théorie du genre », ce truc fumeux aussi absurde que l’est la « théorie de l’évolution » ou la « théorie de l’héliocentrisme », inventé par nos détracteurs afin de décrédibiliser totalement le débat.

Bref bref. Comme à mon habitude, je regarde le Magazine de la Santé, qui est selon moi l’une des meilleures émissions du PAF, qui a d’ailleurs récemment fait un In Vivo (reportage en plusieurs partie diffusé sur une semaine) sur un trans FtM, se concentrant sur son opération de réassignation sexuelle (images fortes, mais de grosses émotions, j’ai été impressionnée !), et un autre In Vivo, plus récent, sur Le Refuge (si tu connais pas ami lecteur, c’est par là : www.le-refuge.org ).

En ce début de semaine, donc, installée devant mon programme favori, j’apprends qu’un psy va intervenir pour parler de la « théorie du genre ». Je me dis, pourquoi pas. Bien qu’un peu méfiante, notamment quand la veille sur Canal+ dans Le Supplément, ils avaient invité De la Rochère, de la Manif Pour Tous, même si je ne vois pas en quoi la programmation de Canal aurait une influence sur celle de France 5. Mais bon. C’est le Mag de la Santé et je me dis que ça ne peut pas être quelqu’un de foncièrement mauvais ce psy. Note : Il s’agit de Serge Hefez, psychiatre-psychanaliste.

J’écoute son intervention. Une très très agréable surprise. Rarement entendu des paroles aussi saines et aussi sensées !

Donc si vous voulez entendre et voir ça, c’est ici, à partir de 37:15. : http://www.allodocteurs.fr/video.asp?idvideo=396

Et si jamais la vidéo venait à disparaître, peu importe, j’ai disposé ci-dessous la retranscription intégrale ! Bonne lecture 😉

Marina Carrière-d’Encausse : C’est quoi cette fameuse « théorie du genre », rappelons là.

Serge Hefez : Hé bien justement, le problème de la théorie du genre c’est qu’elle n’existe pas, tout le monde craint une idéologie pernicieuse, qui viendrait dans la tête de nos enfants, et les troubler complètement.
Alors peut-être pour rendre les choses plus claires, ce que j’aurais envie de dire, c’est que tout le monde a sa théorie du genre, tout le monde fait la théorie du genre, sans le savoir, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Si vous dites à une petite fille, à votre petite fille : «Ma chérie c’est pas la peine de faire des études, ton destin c’est de te marier et d’avoir des enfants, c’est de tenir ta maison et de se sentir obéissante par rapport à ton mari», hé bien vous lui communiquez une théorie du genre. Si au contraire vous lui dite : «Une fille ça doit être indépendante, travaille bien en classe, et ne dépends jamais d’un homme parce que tu dois être libre et autonome», ce qu’on aurait tendance à dire aux petites filles, faut bien le dire, et bien on lui communique une autre théorie du genre. Si on dit à un garçon, comme les parents de Billy Eliott, un garçon ça ne doit pas faire de la danse mais du rugby, c’est une théorie du genre. Si on lui dit un garçon ça ne pleure pas, mais au contraire ça doit être fort, etc. Donc nous passons notre temps à communiquer à nos enfants des théories du genre. Si je vous dit, Michel [On lui avait mis du rouge à lèvre – NDLR], un garçon ça ne porte pas de rouge à lèvre, c’est une autre théorie du genre. Donc il n’y a pas une théorie, mais il y a des milliers de théories qui pourraient se référer à des milliers d’études sur le genre. Ça les études sur le genre, ça existe.

Marina : Il y a l’évolution culturelle aussi.

Serge : Bien sûr. Et des études dans le domaine anthropologique, philosophique, sociologique, dans tous les domaines il y a des études sur le genre. Par exemple si on dit, les femmes à études égales, gagnent 20% de moins que les hommes, et bien c’est une étude sur le genre qui permet de le dire, ça a une validité scientifique.

Michel Cymès : Simone de Beauvoir disait : «On ne naît pas femme, on le devient.» Alors, vous êtes d’accord avec elle ?

Serge : Oui et non. J’aurais envie de dire : on naît mâle ou femelle, incontestablement, et on devient homme ou femme. C’est à dire que ce passage de la biologie, de l’anatomie, à l’essence de l’être, et bien il est très complexe. C’est tout un cheminement, c’est tout un apprentissage. Et cet apprentissage il ne pousse pas dans la nature comme les mauvaises herbes, bien évidemment, ça veut dire que dès sa naissance, dans le reportage on l’a vu, le bébé il est là, il est pris dans un monde, où on va lui signifier qui il est, et comment il est. Le problème, c’est que beaucoup de la plupart de ces messages sont inconscients, c’est à dire qu’on ne tient pas, qu’on ne s’adresse pas aux bébés filles et aux bébés garçons de la même façon. Vous savez par exemple qu’on n’allaite pas les filles et les garçons de la même façon, il y a des études qui le montrent, on a tendance à à allaiter les bébés filles un petit peu à heure fixe, comme s’il s’agissait de les dresser d’une certaine façon, de les rendre obéissantes, et on a tendance à allaiter ou à donner le biberon au garçon à la demande, comme s’ils étaient déjà un petit peu des enfants-rois. Et tout le reste est un petit peu à l’avenant, les histoires qu’on leur raconte, la posture qu’on leur donne, il s’agit de diriger les garçons vers une certaine tonicité, virilité, activité, et de diriger les filles vers quelque chose de plus doux, de plus passif, et de plus obéissant aussi.

Marina : Alors d’où vient toute cette peur, toutes ces hostilités quand il s’agit de montrer le poids et l’impact de tous ces stéréotypes ?

Serge : Ben ça nous fait très peur de bousculer ce qui est des normes ancestrales, des normes qui sont liées à la Nature, à la nature des choses. Effectivement la nature des choses c’est qu’il y ait un principe mâle et un principe femelle, et donc on y accroche tout un tas de significations et de représentations. Et si on touche à ça, à cet ordre symbolique de la Nature, et bien on est un petit peu perdus. Donc pêle-mêle ça fait ressurgir tout un tas de choses, par exemple le fait que l’égalité des sexes ce soit l’indifférenciation entre les sexes, que les hommes et les femmes ne se désireraient plus les uns les autres, que tout le monde serait pareil, que tout le monde serait uniforme. Le danger de l’homosexualité il est énorme pour les parents, et on l’a beaucoup dans les SMS qui circulaient autour de l’école, cette homosexualisation des enfants, comme s’il y avait un danger là dessus, aussi, alors que ce que nous montre la réalité, c’est que quelques soient les cultures, quelque soient les époques, des plus permissives aux plus répressives, bah la question de l’homosexualité elle est la même partout à toutes les époques, et dans tous les temps.
Donc il y a quelque chose d’un peu irrationnel autour de ces peurs qui ressort, autour de cette théorie du genre.

Michel : Et puis on parlera des manuels scolaires, dans tout ce qu’on enseigne…

Serge : Dans les livres d’enfants, on en a beaucoup parlé, dans cette question des ABCD de l’Egalité. Enfin bon, je crois qu’il s’agit d’expliquer le plus sereinement possible ce qui se joue derrière tout ça.

Michel : Et il y a quelque chose qu’il est intéressant de savoir, que les gens ne connaissent pas bien, c’est que chez l’embryon, on a les organes sexuels qui permettent soit d’être mâle, soit d’être femelle, mais les deux sont là, et en fait il y en a un des deux qui involue, pour que l’autre puisse se développer. C’est à dire qu’au début, on est capables de tout faire.

Serge : Absolument, et je crois que psychiquement on est des individus universels, et qu’on dirige, qu’on trie, en fonction de nos capacités, celles qui vont plutôt être celles du masculin ou celles du féminin.

PS : Je vous parlerai de moi un peu plus tard. Va y avoir mes 9 mois THS bientôt, j’aurai quelques trucs à dire. Des trucs bien, et des trucs moins bien…

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Mais ça, c’était avant !

Inspirée par la campagne de pub d’un célèbre opticien, j’ai eut l’envie de faire ce visuel 🙂

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A Chacun son Histoire : Ils changent de sexe – Un reportage sur les trans sur Direct8

J’ignore si cela a été signalé quelque part. Un de mes amis m’avait signalé ce reportage passant sur Direct8, mais je suis arrivée vers la fin, donc j’ai loupé pas mal de trucs. Heureusement, le site de Direct8 propose un Replay.

C’est à voir ici : http://www.direct8.fr/video/MTJhbmdr/a-chacun-son-histoire-ils-changent-de-sexe/

durée : 01:25:00

Présenté par Karine Ferri 

Prisonnier d’un corps qui ne correspond pas à son identité sexuel. Comment être femme quand on a l’apparence d’un homme ? Certains décident de se faire opérer. Devenus transsexuels, ils peuvent entamer leur renaissance aux regards de tous. 

À 29 ans, Noémie vit enfin pleinement sa féminité. Cette jolie parisienne ne souhaite plus évoquer son passé d’homme. Depuis ses opérations, elle fait tout pour être la plus jolie : sport, chirurgie et médecine esthétique… Très coquette, il lui reste un rêve à réaliser : faire carrière comme mannequin. Sa façon de se mesurer aux autres femmes. 

Changer de sexe et d’identité. C’est aussi le combat de Joanna qui vit dans le Gers. Mais avant d’y arriver, Joan s’est marié deux fois et a eu trois enfants. Persuadé d’être né dans le mauvais corps, mal dans sa peau, Joan mène pourtant une vie d’homme et fait tout pour cacher sa vraie nature. Mais à 50 ans, Joan décide de devenir Joanna. Aujourd’hui, elle vit loin de ses enfants qui n’ont pas accepté son choix. Sur ses papiers d’identité, Joanna est toujours un homme. Elle est bien décidée à faire changer son état civil. 

Depuis un an, Ilan a entamé sa « mutation ». Prénommée « Anne » à sa naissance, fille, elle s’est toujours rêvée garçon. À 47 ans, cette femme est en train de devenir un homme. Prise d’hormone, ablation de la poitrine… Son corps se transforme. Sa voix, ses vêtements … Ilan travaille sa virilité. Pour lui, la prochaine étape, c’est une nouvelle intervention à l’issue de laquelle il aura enfin un sexe masculin. Ilan est actuellement dans l’attente de l’accord des médecins. Dans quelques jours, il sera fixé. 

Le regard des autres et en particulier de ses proches peut être très dur pour une personne transgenre. Se faire accepter avec sa nouvelle identité, c’est ce que vit au quotidien Nicole dans son petit village des Landes. Il y a cinq ans, Nicolas est parti un mois en Thaïlande. À son retour, Nicolas avait disparu laissant sa place à Nicole. À 30 ans, elle tente maintenant de démarrer sa nouvelle vie. Elle a conservé son métier de réparateur en informatique. Mais à la campagne, difficile de passer inaperçue même si Nicole n’aspire qu’à cela.

 

Voilà pour la présentation rapide du contenu de ce reportage (simple copier/coller de la description sur le site). Mais je le met ici également car si ça se trouve Direct8 effacera cette page. Au moment où je tape ces mots, je suis en train de pomper la vidéo de façon à pouvoir l’héberger quelque part.

Donc après avoir revu ce reportage, en intégralité cette fois, un mot me vient de suite à la bouche : ENFIN ! Enfin un reportage sur les trans pas trop mal fait. Y sont abordés les thèmes médicaux, la galère administrative, l’acceptation aux yeux des autres (proches, amis). Notons que l’on parle ici aussi d’un trans. Une très bonne chose car ceux-ci sont souvent peu mentionnés, comme si la transidentité ne concernait que des MtF. Un bon point. Visiblement, de nombreux aspects sont abordés, sans trop de clichés. A chaque fois, la forme féminine était employée pour parler des femmes trans, ainsi que la forme masculine pour Ilan, homme trans. De larges temps de parole sont accordés à chacune des personnes suivies, permettant une grande part de vérité.

En résumé un très bon reportage, à recommander, notamment pour les gens qui voudraient en (sa)voir plus. Par exemple : qui aurait juré que Noémie ou bien Nicole avant, étaient des hommes au niveau de l’apparence ?