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Photographie Retour vers le Futur THS Infinity

10 Ans

Je ne comptais plus vraiment mettre de nouveaux articles à ce blog, qui devient de plus en plus une archive qu’un « vrai » blog bien vivant. Cela dit, le temps passe et inévitablement, la barre des 10 ans de THS allait être franchie.

Je ne pouvais pas rester silencieuse alors que je franchis ce cap symbolique.

L’occasion sans doute de faire un bilan de ces 10 ans, de cette transition. De ce franchissement de ma Passerelle. Que dire ?

Ce THS quand j’ai finalement pu l’obtenir fin Avril 2013 (je m’étais refusée alors de la prendre immédiatement, préférant attendre la date de mon anniversaire, soit le 11 Mai), était comme un cadeau inespéré, une promesse de changements, de mise en résonance de mon corps par rapport à mon esprit (si l’on peut le dire ainsi). Dès lors que j’ai pu prendre mes premières doses d’œstradiol, je me suis mise à compter les jours, puis les mois. Chaque semaine allait avec son lot de petites découvertes, et, peut-être, de sensations nouvelles.

Moi, en robe noire, qui serre dans mes bras une boite carrée de couleur rose contenant mon THS
Moi, il y a 10 ans, tenant dans mes bras ma TransBox

Je vivais à ce moment là du côté de Martigues. Puis, j’ai déménagé, pour Dijon en Août 2013. Gros changements. Lieu aussi d’espoirs vains que j’aurai du cesser d’alimenter, pour mon propre salut. Cette période était une période de contrastes. L’excitation de l’avancée des effets du THS se mêlant à des comportements toxiques de ma part envers quelqu’un que je ne remercierai jamais assez et qui aurait du mériter infiniment plus de respect de ma part. Drôle de temps…

Moi qui tient un appareil photo de type réflex entre les mains, cadrée d'en haut. Je regarde vers le bas à droite, je souris, et j'arbore de beaux cheveux frisés

Ma rencontre d’abord amicale puis amoureuse avec une autre personne, Poupou, aura été la fin de cette période pas toujours heureuse pour moi. Je m’investissais plus au sein de l’association locale LGBT, CIGaLes, en tant qu’infographiste, en tant que membre active du Conseil d’Administration.

Moi, assise sur un petit pont en ciment qui orne un parc. Il fait Soleil mais je suis dans une zone ombragée, je regarde l'eau couler en bas. Je suis habillée d'une robe colorée et d'un veste en jean

Puis, Août 2015. Après un peu plus d’un an passé à Dijon, et de bons moments vécu dans cette ville, on prends la décision de s’installer à Bergerac, saisissant une opportunité qui ne se reproduirait peut-être plus.

Moi, habillée d'un fin vêtement blanc échancré, noué entre mes seins, manches courtes, et cheveux longs descendant en ondulant sur mes épaules

À Bergerac, on prends le temps de se reconstruire. Cela ne sera pas facile. Mais on y arrivera, doucement. On change de logement, en se basant sur des compromis qu’on n’aurai peut-être pas du faire.

Mais mon THS avance, les changements ont l’air d’être terminés. Je me mettrais à pratiquement plus rien publier sur ce blog. Le temps de l’excitation, de l’enthousiasme concernant l’hormonothérapie étant désormais derrière moi. Comme je l’avais dit par le passé, c’est devenu une routine, presque inconsciente, mais malgré tout vitale. C’est un traitement à vie.

J’en profite pour changer mon état-civil, me permettant enfin de ne plus à avoir à justifier de papiers ne correspondant définitivement pas à mon apparence.

Moi, posant devant le Tribunal de Grande Instance de Bergerac, lunettes noire, chemise blanche et jupe noire. Le bâtiment derrière moi est de style néo-classique, sans fioritures, très symétrique avec deux colonnes encadrant la porte d'entrée colossale, et deux ailes dévoilant quatre grandes fenêtres

Et à partir de là, je serai considérée en tant que femme pleine et entière.

Dans ma vie professionnelle, je tenterai d’avancer, sans me rendre compte que je me heurtais au plafond de verre. Oui. Le fameux. Je mettrais de longues année à comprendre pourquoi mon travail sur les images de Mars n’arrive pas au même niveau de reconnaissance que celui de mes collègues masculins. Il m’a fallut faire face à ce constat triste mais accablant : être une femme, encore plus, une femme trans, semble constituer des obstacles quant à la reconnaissance d’un travail, qui soit-dit en passant, me rendait fière depuis plus de 10 ans désormais. J’ai essayé de faire abstraction. En vain…

Quelques mois avant l’émergence de SARS-CoV2 en France, mon père décédait. J’ai parlé dans mon blog de mes rapports avec celui-ci, mais peu. Mon coming-out en tant que femme trans aura été compliqué. Il l’a d’abord refusé. Catégoriquement. Pour apprendre un an plus tard qu’il lisait mon blog fréquemment, et qu’il a pu comprendre des choses sur moi. Et l’a mené sur le chemin de l’acceptation. Quand je suis revenue m’installer à Bergerac, il était plutôt content de me revoir. J’apprendrai même qu’il était fier de moi, sa fille. Son décès m’aura plus touchée que je ne l’aurai cru. Alors que pourtant dans ma jeunesse c’était un père violent, pas forcément tout le temps négligeant cela dit, mais absent sur plein d’aspects de ma vie. Un passé difficile avec lequel il fut difficile pour moi de me réconcilier. Mais j’ai préféré laisser derrière moi colère, chagrin et regrets, passer outre tout ça, car de toutes façons, cela ne pourrait mener à rien.

Moi, assise sur le sol, adossée à une porte, portant robe rouge et collant noir, les jambes ramassées près de ma poitrine, regardant l'objectif, sans expression sur mon visage, les cheveux un peu en désordre

La pandémie, le confinement. Trois ans de COVID-19, qui n’est pas fini, il est encore là (masquez-vous, vaccinez-vous). Ainsi les années passent. Périodes de calme apparent interrompues par des temps moins heureux. J’ai désormais 38 ans, et j’ai 10 ans de THS derrière moi. J’essaie de tirer des leçons du passé. Ne pas reproduire les mêmes erreurs. Des pensées fugaces me traversent l’esprits. Des mémoires. Des instants. Certains qui me font sourire, d’autres qui me font honte ou qui me mettent en colère contre moi-même, ou d’autres personnes. Ainsi va le cours des choses.

Ce blog n’aura probablement pas d’autres entrées avant un bon moment. Il est mon histoire, vécue et racontée. Depuis 11 ans désormais car celui-ci a été ouvert début 2012, sur la plateforme Yagg, alors qu’il était encore secret et anonyme, jusqu’à mon coming-out numérique en Mars 2013.

Qu’ajouter d’autre ? Je suis contente de ces 10 premières années de THS, que les prochaines décennies puissent être bonnes, et même meilleures !

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THS Infinity

7 Ans

Étant donné que «THS ceci» devient un peu redondant, et que je poste très très peu d’articles ces dernières années, j’imagine qu’il est aisé de comprendre qu’il s’agit du nombre d’années de traitement hormonal.

Le chiffre commence à gonfler (non, pas « gonfler » dans le sens « agacer », mais dans le sens « grandir »). Et commence à revêtir un caractère assez flou. Sur ce blog, je cesse de créer de nouvelles catégories pour n’en garder plus qu’une seule concernant le traitement hormonal.

«Sept ans de THS. Oui bon, et alors ? L’année prochaine ce sera huit. Puis ensuite neuf, dix, etc.»

L’attache symbolique a ces étapes s’envole pour être honnête. Le THS est ancré dans mon quotidien, c’est un acte d’une consternante banalité désormais. Tellement ordinaire que j’en viens à me demander si vraiment c’est nécessaire de continuer à la prendre… Errements de la pensée qui ne devraient pas me faire oublier que ce THS est capital, vital.

Il y a environ 8 mois, j’ai modifié ce traitement. Trop d’Androcur, pas assez d’œstradiol, place peu importante accordée à la progéstérone. Il me fallait une formule plus adaptée. Avant ce changement, mon THS consistait en une prise quotidienne de 50mg d’Androcur et d’Estreva (gel transdermique) et hebdomadaire de progestérone. Voici ma nouvelle formule :

Lundi, Mardi, Jeudi, Samedi : 25 mg d’Androcur et 5 à 7 pressions d’Estreva.
Mercredi, Vendredi, Dimanche : 200 mg de progestérone et 5 à 7 pressions d’Estreva.

J’ai divisé par trois ma consommation en Androcur et c’est important, car cette substance (Acétate de Cyprotérone) est mauvaise pour la santé à terme (risques pour le foie, développement de méningiomes, notamment).

Et ce n’est que ce dernier mois que j’ai constaté un changement plutôt inattendu : la reprise de croissance de ma poitrine. Il y a trois semaines j’ai mesuré celle-ci à 106 cm. Et il y deux jours, celle-ci atteignait les 110 cm. Inattendu je vous dit. Alors que je plafonnais tout le temps à 103 cm…

Pour résumer, je ressors et actualise ce vieux graphique de suivi.

Graphique montrant l'évolution de mon tour de poitrine sur 2013, avec des données de 2020 pour comparer.

Finalement, j’avais quelques trucs à vous dire. Il y a toujours quelques surprises sur la Passerelle. On se donne rendez-vous l’année prochaine, peut-être avant, qui sait ?